L'Inculturation

Ses textes de référence
Ses échos de la presse

 

 

Contribution des internautes

 

Le christianisme, une contre-culture ?

Le multiculturalisme : un appel à créer ensemble

L'Eglise au Pérou et l'inculturation

Il est temps de porter dans l'Eglise une parole ouverte

Mes activités d'aujourd'hui devraient rencontrer les préoccupations de l'Eglise

Un prêtre qui va planter sa tente là où vivent les gens

Curé d’une paroisse au cœur d’une cité arc en ciel

Parler de Dieu dans le langage des hommes

Être solidaire

Inculturation : un témoignage

L’inculturation, aventure humaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'inculturation

 

Contributions d'internaute

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Un sacrement de l’accueil, de l’écoute ?



             J'ai participé à un débat sur le sacrement de la Confirmation. Nous nous interrogions sur l'âge le plus adéquat de ce sacrement. Des jeunes  (15 - 16 ans...) se préparent pour  être confirmés. N’en faisons-nous pas l’élite de l’Eglise ?  Ne devrait-on pas proposer ce sacrement plutôt, peut-être avant la 1° Communion... ?  Pour les catéchumènes, ceux-ci reçoivent Baptême et confirmation en même temps, mais pas partout… De plus en plus on demande, pour être parrain ou marraine, un certificat de Baptême et de Confirmation...  Tout cela montre le sérieux de notre Eglise pour l'éducation chrétienne, pour éviter de faire n'importe quoi et je suis bien d'accord... même si on retrouve là un certain élitisme!

          Je m'interroge: la réflexion  théologique indispensable, nécessaire, ne doit pas laisser de côté le chemin  qui reste toujours à creuser,  pour rejoindre tous ceux qui sont en recherche, loin de l'Eglise, elle doit nous y aider!... Cela suppose beaucoup d'écoute de notre part, prêtres et autres responsables de la pastorale. A travers cette écoute, l'Esprit doit bien éclairer les coeurs!           

Pour moi, il y a un sacrement, celui un Pardon, qui n'est pas assez travaillé pour mieux le présenter et le vivre, malgré les efforts qui sont réalisés (cf journée du pardon...).   On prépare, par exemple, beaucoup les enfants qui cheminent vers leur Première Communion, mais beaucoup moins vers le Pardon. Ce sacrement du Pardon n'est-il pas un chemin qui, petit à petit, peut se révéler dans une écoute pour beaucoup de personnes? "Laisser parler la vie", concrètement, entre nous, nous invite souvent à nous réjouir mais aussi à découvrir des démarches de pardon... Cette écoute, ce partage n'est-il pas un chemin vers ce sacrement du Pardon. Il y a là un appel à creuser ce chemin qui peut nous aider à redécouvrir l'importance de ce sacrement. Alors, la Confirmation, oui, consacrons lui toute notre attention... mais n'oublions pas qu'il y a d'autres sacrements, je dirais même "un sacrement" de l'écoute, du partage. En équipe de révision de vie, l'Esprit Saint nous conduit souvent à une conversion du coeur. Qu’Il nous aide à rejoindre tous nos frères qui sont sur le bord du chemin, loin trop souvent de nos savantes théories.

Novembre 2010   Un prêtre du Massif central

 

 

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Le christianisme, une contre-culture ?

 

  Pour réfléchir à la mission que le christianisme doit remplir à notre époque, Jean Pierre Denis s’inspire de la définition de la culture qu’en a donné Hannah Arendt, la  philosophe américaine qui a beaucoup réfléchi à la modernité,: « Seul ce qui dure à travers les siècles revendique d’être un objet culturel. » (p.73) Pour lui, le christianisme, qui a donné toute sa place à la transmission et à la raison dans l’acte de foi, serait la forme occidentale de la culture. Pour cela, il a su transformer l’héritage méditerranéen, en détournant les institutions et le droit de Rome, en reprenant largement à son compte la pensée grecque et en conservant l’héritage juif.

Or, pour l’auteur, directeur de la revue ‘La Vie’, aujourd’hui, la culture ne serait plus qu’une consommation quand elle fut contemplation, et une performance, quand elle fut une permanence. Quant au christianisme, il en dresse ce tableau : «…le christianisme n’est plus une réalité culturelle active dans la mesure même où il a perdu sa capacité à définir ce qui est le passé et à expliciter en quoi consiste l’avenir. » (p.84) Au siècle des Lumières, « la théologie quitte la Sorbonne et s’enferme en solitaire dans les facultés spécialisées. Elle renonce à se situer à la racine des sciences pour n’en plus être qu’une branche bientôt morte. » (p.119) La connaissance éclate et la science est dévorée par la technique. « Notre culture est en réalité vide. » (p.142)

Quant à notre liberté, elle a été vendue au libéralisme. Aujourd’hui, la seule force est le marché : « Ne pensez plus mais dépenser ! » On ferme la voie de la vérité pour n’ouvrir que celle du moi, ce moi créateur de culture avide de prospérité. « Dieu est parti aux confins des galaxies. Il ne reste que l’homme, seul et toujours incertain, désormais persuadé d’être seul maître à bord avec son bon plaisir et fantasmant d’autant plus que sa fin est proche. » (p.175) Est-ce pour autant la fin de l’humanité ?

Pour l’auteur, il y a un ‘après la fin’ mal perçu, presque jamais analysé. Il le dessine en interrogeant Jésus qui a créé une contre-culture. Pour illustrer la démarche de Jésus, l’auteur commente deux événements : Jésus qui chasse les vendeurs du temple, geste qui va le faire condamner à mort et Paul, « le fondateur du christianisme » qui est rejeté lors de son discours à Athènes. Deux échecs qui seront féconds. Ainsi, un des fondements de la contre-culture chrétienne serait la fécondité de l’échec : « Mystérieusement, le vide et la perte demeurent habités par la Présence. » (p.184)

Aujourd’hui, les chrétiens se considérant comme étrangers dans ce monde culturel, sont appelés à vivre la même démarche que les premiers chrétiens. « Parce qu’ils (les chrétiens) viennent de l’extérieur géographique et moral de la culture, du limes, des confins, de la zone tampon entre l’ordre romain et le désordre barbare, ils se déversent comme un fleuve d’immondices et pénètrent dans le corps impérial comme un corps étranger. Un virus dans le vir, un microbe dans la romanité. » (p.202)

Les chrétiens sont membres d’une religion de contre-culture, de contradiction, de renversement de valeurs établies. Ils vivent dans une société où « le visible païen, omniprésent dans la société saturée par la culture des images et opposé à l’invisible chrétien, lequel révèle le réel dans les arts visuels. » (p.208)  Aussi, ils sont appelés à créer  une parole publique contre la privatisation de Dieu, une économie du don contre la tyrannie du marché, une chasteté d’objection contre la normalisation du sexe, une vie reçue contre le bébé objet, vivre le défi de la fragilité contre le désir de puissance, inventer un service public du rite contre les idolâtries officielles,  une nouvelle sensualité contre l’abstraction stérile, une stratégie de l’inutile contre le marketing de l’efficience. Cette contre-culture apparaîtra comme « un idéalisme engagé, une utopie qui se met en actes, la dénonciation par l’exemple d’une époque qui n’a plus pour les rêves que défiance et hargne. » (p.209)

J.-P. Denis termine sa réflexion en provoquant l’Eglise à vivre un véritable retournement : « Le christianisme, redisons-le, n’est ni une mythologie, ni une idéologie, mais une réponse donnée à la question de l’humanité de l’homme, réponse formulée dans les langues vernaculaires et dans l’histoire mouvante et toujours incertaine de l’humanité. » (p.340)

Nous remercions Jean Pierre Denis de nous provoquer à réfléchir avec lucidité sur le présent et l’avenir de notre société et à remettre en cause la façon ‘molle’ de vivre sa foi. Dans un monde de plus en plus multireligieux, il est important d’avoir conscience de l’originalité et des exigences de sa foi non pour se comparer mais pour s’enrichir en vérité.  

 

Ce livre nous a laissé sur notre faim pour plusieurs raisons.

1ère réflexion : Si l’auteur avait pris comme définition de la culture celle émise par Jean Paul II à l’Unesco, il n’aurait pas eu le même regard sur l’évolution culturelle actuelle et la place que doit prendre l’Eglise. Lors de son discours à l’UNESCO, le 2 juin 1980, Jean-Paul II proclamait : "L’homme vit d’une vie vraiment humaine grâce à la culture (…) La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, ‘est’ davantage, accède davantage à l’"être". Les cultures, en quelque sorte une force intérieure et une intelligence dans l’homme, animent l’histoire de l’humanité. Pour l’Eglise, il n’y a donc pas que les chrétiens qui font évoluer la société, qui se battent pour un monde plus humain, qui remettent en cause la culture.

2ème réflexion : l’Eglise n’est pas uniquement devant des questions que se posent les hommes. Elle est devant les questions et les réponses que les hommes se donnent. En citant le martyr de Saint Agathe, l’auteur ne souligne-t-il pas qu’elle a résisté grâce « aux valeurs de chasteté, de respect, de dignité qui lui a inculquées son éducation… païenne. » (p.212)

3ème réflexion : L’auteur écrit que Paul a eu le génie d’annoncer que l’élection du peuple de Dieu a une dimension universelle « … l’extension infinie du domaine de l’élection que réalise Paul, l’universalisme absolu qu’il prêche quand il annonce l’universalité de l’Absolu, marquent une novation radicale par rapport à la tradition du ‘Dieu d’Israël’ » (p.200). Quand on lit un prophète comme Isaïe, on est frappé par sa vision universelle du salut. Jésus va donner à cette graine jetée en terre d’Israël et annoncée prophétiquement, la dimension d’un arbre où les oiseaux pourront venir faire leur nid. Jésus réalise cet enfantement car « rien n’est impossible à Dieu. » Il ne s’agit pas pour les chrétiens de regarder la culture avec une grille « contre-pour » mais de participer lucidement avec leurs frères et sœurs de toute culture à l’enfantement d’un monde humain, ouvert ‘sur les cieux’. 

4ème réflexion : Le christianisme, après avoir été au centre de la culture européenne est aujourd’hui, aux marges, écrit Jean-Pierre Denis. La situation pluri religieuse de l’Europe ne nous appelle-t-il pas à voir la situation du christianisme au sein de la société autrement : l’ensemble des européens qui croient en Dieu (que ce soient les chrétiens, les juifs, les musulmans…), qui cherchent Dieu, qui ont soif d’une vie spirituelle, les artistes et poètes qui nous font deviner l’invisible sont-ils aujourd’hui à la frontière de la culture occidentale ? Quelle part originale peut apporter le christianisme à ce peuple en quête de justice, de vérité et d’amour ?


5ème réflexion : L’humanité portant en son sein la marque de la présence de l’Esprit, l’Amour de Dieu universel et éternel en personne et ‘répandu sur toute chair’, enfante un monde nouveau. Elle vit dans les douleurs de l’enfantement et le Dragon (qui peut avoir pour nom aujourd’hui la privatisation de Dieu, la tyrannie du marché, la normalisation du sexe, le bébé objet, le désir de puissance, les idolâtries officielles,  l’abstraction stérile, le marketing de l’efficience) s’apprête à dévorer l’enfant aussitôt né… L’enfant sera sauvé par Dieu et la femme se réfugiera au désert, dans un refuge que Dieu lui a aménagé. (Apocalypse 12)

Octobre 2010  R.P

 

 

 

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